« Qu’est ce qu’on fait quand on fait ce que l’on fait ?»
Notre démarche
Nous intervenons en analyse de la pratique dans une démarche d’éducation populaire à partir d’une posture non-directive (en référence à Carl Rogers). Nous considérons que les professionnel.le.s concerné.e.s ont le savoir sur leur pratique, leur expérience leur a permis de se constituer une expertise. Et en même temps, il nous semble nécessaire dans toute institution éducative, de soin, d’accompagnement qu’un tiers intervienne pour préserver un espace où les choses puissent se dire, où les personnes puissent se risquer, et où l’institution puisse être confrontée à ses contradictions, en permettant notamment aux professionnel.le.s de retravailler le sens de leur métier, et ce qui fait institution, au lieu de le subir.
Par notre place de tiers et notre posture, nous favorisons l’expression des vécus, des ressentis et la confrontation de points de vue. Nous accompagnons l’analyse, et nous permettons d’envisager d’autres manières de voir et de faire. Les séances d’analyse de la pratique sont des espaces nécessaires de respiration et de recul. En sortant des logiques d’efficacité et des rythmes que pose l’activité, elles sont des pas de côté qui permettent par la mise à distance d’élaborer une pensée. Ce sont aussi des espaces de formation continue.
Nous travaillons à partir des demandes des participant.e.s, des difficultés exprimées, des endroits de blocage, de ce qui fait nœud. Nous nous appuyons sur des situations concrètes, à l’endroit de la relation aux personnes accompagnées (cas cliniques), des relations d’équipe, ou des dynamiques institutionnelles qui traversent le travail du quotidien.
Un travail de verbalisation consiste à se raconter, en partant des vécus. Il permet notamment de confronter le travail prescrit et le travail réel : dire cette part de ce que l’on fait qui est souvent tue ou cachée car ne correspondant pas aux normes du travail « bien fait ». Il permet également de travailler à l’endroit des tensions entre l’idéal professionnel et les empêchements à agir : tout ce qu’on souhaiterait faire et qu’on n’arrive pas à faire, et ce qu’on fait et qu’on aimerait ne pas faire. Il permet également de gagner en lucidité, en nommant des pratiques parfois non conscientisées parce qu’elles s’appuient sur des savoirs incorporés, ou parce qu’il est plus confortable de ne pas les voir. Il permet enfin de travailler les porosités entre vie professionnelle et vie personnelle, en rendant possible le fait de nommer les effets de résonnance, d’envahissements, les difficultés à se protéger, les souffrances inhérentes à ces métiers de la relation.
L’analyse collective menée par le groupe permet de prendre davantage de distance en remettant au travail les situations sous les regards croisés des différent.e.s professionnel.le.s, et de gagner en souplesse en envisageant la situation sous d’autres angles, à partir d’autres points de vue. Un entrainement à l’étayage théorique est également proposé, en invitant le groupe à mobiliser les savoirs et les grilles de lectures qui permettraient d’envisager des hypothèses d’explication ou de compréhension des situations.
Des pistes de résolution sont aussi envisagées pour permettre à chacun-e, en s’appuyant sur le travail d’analyse, d’élargir son répertoire d’action, et envisager d’autres manières de faire. Questionner nos habitudes et nos certitudes nous ouvre à d’autres manières d’agir, et identifier les endroits de tension dans le travail d’analyse permet de travailler des hypothèses de réponses à l’endroit de ce qui fait problème. Il s’agit de sortir des logiques réactives pour penser son agir professionnel.
L’analyse de la pratique professionnelle permet de se recentrer sur les finalités des pratiques en remettant le focus sur ce qui fait accompagnement, éducation ou soin. Elle participe finalement à devenir sujet de son travail. Sujet individuel en permettant à chacun.e de gagner en conscience dans l’agir et de travailler sa propre éthique d’intervention, ses manières de faire, son style. Sujet collectif également, en reprenant prise sur ce qui fait institution, et en permettant à l’équipe de se dire, de travailler à partir de ce qui fait conflit, et de remettre sur l’établi la constitution de repères communs, l’élaboration d’une culture d’équipe.
Ce travail s’inscrit et se construit dans la durée avec un.e intervenant.e de l’association, et dans une forme de régularité. Les modalités de travail définies en amont et reparlées collectivement lors de la séance inaugurale pourront être renégociées en fonction des besoins et demandes du groupe.